Le Martinisme est une société secrète initiatique comprise dans l’ésotérisme occidental. Il s’agit donc d’une société, avec tout ce que cela comporte comme interactions et interrelations fraternelles. Il accueille toute personne, homme comme femme, quel qu’en soit son rang social, pourvu qu’elle ait la volonté du travail spirituel. Afin d’y adhérer, les membres doivent toutefois prôner l’égalité humaine et le respect de la vie entière. Puisque la mystique ne touche pas une seule catégorie de gens ou une seule stratification de la société, l’ordre est sélectif, mais ne cherche pas l’élitisme. De plus, le Martinisme n’est pas lié au développement horizontal de la morale sociale, mais uniquement sur l’axe vertical de la spiritualité, ce qui le détache des liens politiques. Nous parlons donc d’un Ordre apolitique et non né d’une scission avec un groupe religieux préexistant.

Le Martinisme sert au développement d’une culture, d’une forme de pensée ésotérique. Il s’agit donc d’un chemin ou d’une méthode vers l’intérieur de soi qui provient d’une longue tradition de penseurs et de spiritualistes ayant utilisé une ou plusieurs approches de l’ésotérisme. Pour cette raison, nous ne pouvons classer le Martinisme dans une approche unique de l’ésotérisme, car bien qu’une approche puisse être favorisée par la société, il faut se souvenir que ce sont surtout les gens qui forment la société et que ceux-ci peuvent avoir chacun leur approche tout en étant solidaires de la même société puisque tous unis dans une même culture ésotérique et par une même voie spirituelle inductive.

De plus, le Martinisme sous la filiation des Pays-Bas a un fonctionnement un peu différent des autres branches.  Il n’a pas le but de donner un enseignement codifié, mais de développer un lien mystique.  C’est davantage dans cet entraînement et ce lien mystique que se développe un contact direct avec la source de Sagesse.  Notre Ordre Vénéré est un Ordre Théosophique, en ce sens, nous cherchons davantage à toucher la Sagesse Divine sous toutes ses formes plus qu’une approche scolastique ou d’un apprentissage mental.  Bien que la connaissance générale de l’ésotérisme soit importante et enseignée, nous ne prônons pas d’étudier une théologie ou une théosophie, mais de créer des théosophes. 

Louis-Claude de Saint-Martin était un théosophe, ce que nous pouvons appeler ” un mystique rationnel “. Ou si l’on préfère, un mystique vivant parmi le monde et en mesure de partager ses expériences et compréhensions. Il était aussi un théurge de par son premier maître : Martinez de Pasqually. Par la suite, l’Ordre Martiniste subit les influences de l’occultiste Papus qui y ajouta une plus grande part de rituels et de symboles et de Chaboseau pour sa philosophie et son service à l’humanité.

Notre Ordre Martiniste est présent au Canada, il est en fait une organisation sous la filiation du Martinisme des Pays-Bas. Cet Ordre Martinisme trouve sa particularité principale dans le fait de la pleine liberté religieuse, sans présenter aucune doctrine ecclésiastique. Dans sa recherche de la Sagesse Divine, ses enseignements sont davantage théosophiques que théologiques et ne se restreignent à aucune théosophie ou théologie exclusive ou dogmatique. Ainsi, selon l’article 4 des statuts et règlements : « Greffé sur cette souche théosophique, l’Ordre Martiniste doit admettre tous les moyens d’investigation dans la recherche de la vérité, depuis les plus académiques et scientifiques, jusqu’aux plus métaphysiques, mystiques, et ésotériques ».

L’Ordre Martiniste fut introduit aux Pays-Bas le 26 septembre 1968, à la demande de Philippe Encausse, le Président de la Fédération des Ordres Martinistes de Paris. Un membre du Suprème Conseil de l’Ordre Martiniste français fut désigné comme “Souverain Délégué National” pour les Pays-Bas le 15 avril 1969 et reçut la mission de répandre les idées, les idéaux et les Initiations Martinistes dans ce pays. Dès le début des loges aux Pays-Bas, Encausse s’aperçut que les membres plutôt protestants, Vieux-Catholiques ou Catholiques Libéraux s’opposaient en général à l’accord de l’Ordre avec l’Église Gnostique Apostolique, alors il proposa la fondation d’un Ordre martiniste des Pays-Bas indépendant et libre de leurs traditions religieuses. La décision d’accepter l’indépendance fut prise le 12 septembre 1975.

Des circonstances imprévues, mais considérées comme la volonté de l’Invisible, ont permis des contacts avec des courants Martinistes authentiques d’Europe centrale et du Nord. L’Ordre Martiniste des Pays-Bas devint le dépositaire de filiations éteintes en France et en Belgique. Si ces filiations n’ont pas été considérées par les Martinistes français, c’est en grande partie à cause du manque de connaissance de langues étrangères au français de la part de leurs dirigeants.

Ainsi l’Ordre détient une filiation d’abord d’Augustin Chaboseau, par Émile Dantine, Émile Ehlers et Gustave-Lambert Brahy pour ses degrés inférieurs (jusqu’au quatrième), ensuite d’une filiation Russe se rattachant au Prince Kourakine qui fut en contact direct avec Saint-Martin, la filiation des Princes de Hesse et de la maison des Princes Rakoczy, par le général polonais Michad Tokarevsky, et enfin d’une filiation allemande, par le Dr. Franz Hartmann, remontant, par le Professeur Molitor, à Franz Von Baader, un disciple direct de Martinez de Pasqually.

L’Ordre Martiniste des Pays-Bas n’est limité par aucune juridiction territoriale, mais représente l’une des nombreuses orientations du mouvement Martiniste. Il est en relation étroite avec toutes les autres organisations Martinistes, et accueille avec joie, comme visiteurs à ses réunions, tous les Martinistes qui désirent y assister. Aujourd’hui, l’Ordre Martiniste des Pays-Bas est un Ordre international sur plusieurs continents et en différentes langues.